Sensibilité technique
De façon générale, la sensibilité technique indique le champ d’influence physique de l’activité de l’entreprise et, par conséquent, son degré d’implication immédiate et d’importance dans l’écosystème environnant.
la directive Seveso
Mommée d’après la directive 82-501 de l’Union européenne, suite à l’accident de Seveso (Italie), cette directive est le symbole de l’ensemble des lois, décrets et directives concernant les activités et les produits à risques.
Sa dénomination Seveso a été prise ici comme critère de l’importance relative de l’intervention du législateur sur l’activité de l’entreprise.
Le classement 5 indique par exemple l’obligation faite à l’entreprise utilisant des matières premières dangereuses (radio-activité, métaux lourds, fuels, etc.), des techniques dangereuses (concassage, traitement de surface, etc.), ou ayant des métiers dangereux (fabrication d’engrais, de peinture, etc.), de produire une étude d’impact et/ou une analyse des risques préalable à la procédure d’autorisation.
Le classement 3 indique par exemple que l’entreprise (transports de certains matériaux) est tenue à déclaration, l’Administration prenant acte, sans avoir un droit de refus à exercer.
Le classement 1 indique qu’aucune contrainte extérieure au fonctionnement technique de l’entreprise existe.
La stratégie de communication, tant avec les pouvoirs publics qu’avec 1 opinion publique, ainsi que son intégration dans la stratégie d’investissements techniques se trouveront profondément influencées par le degré de sensibilité sur cette échelle.
Si les efforts de communication de certains grands groupes- Rhône- Poulenc, Elf Aquitaine, EDF – démontrent que ceci a été largement compris, au moins quant à ses implications d’investissement, de mesu- re et de contrôle, d’autres et notamment les sous-traitants de ces bernes grands groupes appliquent encore la maxime « vivons heureux, vivons cachés ». Ce qui, en matière d’environnement, n’est pas une maxirne heureuse.
La surveillance (humaine) vitale
I ai s°uvent été frappé par le déséquilibre, surtout dans l industrie . Urc*e(métallurgie par exemple), entre des politiques réfléchies et des •Ovestissements lourds en moyens et structures de sécurité et de prévention d’une part, et l’absence totale de politique de communication d’autre part.
Sachant que pour des catégories entières de nos concitoyens, U connaissance de l’entreprise industrielle s’arrête à la lecture de Germinalil n’est pas très étonnant que la relation entreprise-environnement se trouve si souvent dans une situation attaque-défense.
Là où la surveillance est vitale, il y a danger. Où il y a danger, il y a angoisse. Le danger peut être circonscrit par un système de sécurité. L’angoisse ne peut être maîtrisée que par la communication.
Une grande partie des acteurs économiques, même parmi les plus grands, ne semblent pas s’être rendus à cette évidence.
La défaillance technique
Prétendre que nos entreprises sont à l’abri de toute défaillance technique revient à nier les incidents que chacun peut constater.
La voiture, symbole de la société industrielle s’il en fut, est parmi les produits quotidiens les plus sujets à la défaillance technique. C’est pour cela que l’un des thèmes majeurs de la communication de l’industrie automobile est la sécurité de ses produits. Les campagnes de communication en ce qui concerne la sécurité des voitures n’ont plus rien à envier d’un constructeur à l’autre et sont, d’une façon générale, d’après les sondages, convaincantes.
Les chaînes d’assemblage de voitures sont devenues, depuis une dizaine d’années, pour les plus performantes d’entre elles, des outils qui, objectivement, sont à la pointe de la robotique, de la sécurité, du respect de l’environnement et de l’efficacité économique. Ainsi, au niveau technique, l’activité recherche-développement sur la sécurité et sur l’élimination des sous-produits polluants dans les processus a toujours progressé de pair avec les recherches sur l’efficacité.
Mais, contrairement à la communication qui concerne ces produits, la campagne de communication la plus réussie à ce jour sur les chaînes de montage, c’est Les Temps Modernes de Chaplin….
L’erreur humaine, l’équilibre psychologique, la fréquence humaine
Les analyses de crises et d’accidents majeurs ont démontré, depuis que le risk management a commencé à émerger, que le facteur humain est responsable dans 90 % des cas d’accidents.
Trois aspects au moins rentrent en jeu dans ce contexte : la possibilité de commettre une erreur : si elle existe, elle sera tôt ou tard commise
_ la volonté de commettre une erreur : le déséquilibre psychologique, momentané ou même permanent, peut exister dans n’importe quelle population, y compris celle chargée des tâches les plus complexes
– la fréquence de l’intervention humaine, qui augmente bien évidemment la probabilité des deux premiers.
Ici encore, la stratégie de communication, y compris des entreprises les plus en pointe, est en déphasage avec la stratégie technique. J’en veux pour preuve la comparaison entre l’Espace et l’Énergie.
Piloter une navette spatiale, piloter une centrale nucléaire ou piloter un pétrolier de 500 000 tonnes sont trois activités complexes, dans lesquelles l’erreur humaine peut provoquer des désastres, comme nous avons pu malheureusement le constater dans chacun des trois cas.
Dans le premier cas, où l’erreur ou le dysfonctionnement humain peut être grave pour l’équipe en orbite et pour l’investissement consenti, mais n’aura aucune incidence sur l’avenir de la planète, la communication – et la réalité – de la surveillance psychologique et physiologique forme corps avec l’ensemble des dispositifs d’un plan de lancement de navette ou de satellite. Tout ouvrage de vulgarisation psychologique vous explique les examens psychologiques, psychomoteurs, psycho- physiques, psychomédicaux auxquels sont soumis les astronautes.
Je ne connais personnellement pas le dispositif analogue de sélection, de suivi psychologique, de contrôle pour les pilotes des super-pétroliers.
Première hypothèse : je suis mal renseigné, et je serais heureux de savoir où me renseigner davantage.
Deuxième hypothèse : un tel dispositif n’existe pas, et j’estime qu’il audra le mettre en place pour toutes les responsabilités à risque élevé Pour l’écosystème.
Troisième hypothèse : un tel dispositif existe, mais le réflexe J communication d’entreprises, ayant un impact potentiel combien plyJ important sur l’environnement que la navette spatiale, est nettement! inférieur à celui des responsables de la NASA.
Quelle que soit l’hypothèse retenue, le devoir de communication! pour les entreprises ayant en charge de telles responsabilités est mal rempli, et l’exemple de l’industrie spatiale prouve qu’il est parfaitement possible d’y faire face.
Alors qu’est-ce qu’on attend ?
Pour les centrales nucléaires, en France au moins, il existe.Mais qui le sait ?
Le niveau technique requis
Le niveau technique requis de la part de ceux qui sont chargés de la mise en œuvre des processus devient un facteur de sensibilité technique au fur et à mesure que ces processus gagnent en sophistication.
L’ingénieur chargé du processus de steam-cracking automatisé est là pour surveiller l’automatisme du processus. Hautement qualifié, sa situation ressemble à celle décrite dans Le désert des Tartares être toujours prêt, au cas où…
Mais même lorsqu’il s’agit d’une unité complexe qui justement se subtitue à des procédés polluants, telle la tour Effol pour la production propre du sel de Nylon dans le Haut-Rhin, l’opinion publique veut savoir si et comment tout reste sous contrôle. Bhopal, Bâle et quelques autres Seveso sont passés par là. La communication interne rejoint donc ici la communication externe.
La recherche d’abord, la motivation et la conscientisation interne ensuite doivent trouver leur écho dans l’explication à l’extérieur : le processus est effectivement entre des mains expertes et motivées, il est effectivement très complexe et va effectivement dans le sens de l’intégration dans l’écosystème. métallique d’une trentaine de mètres de haut sur autant de profondeur -, dont le fonctionnement est par quelques ingénieurs, est un bienfait pour l’écosystème, paraître difficile. Ce n’en est pas moins essentiel.
L’ampleur de l’impact
Les groupes industriels ont désormais une expérience de presque vingt ans d’études d’impact, d’études des dangers et d’études de sûreté. Le calcul de l’ampleur de l’impact de fonctionnement et de l’impact d’accident est devenu une notion courante, surtout darts les cas d’installations nouvelles soumises à autorisation. Grâce à cette expérience, la stratégie de communication commence timidement à tenir le pas avec la stratégie technique.
C’est au niveau des PME-PMI, même importantes (dans le secteur agro-industriel par exemple), que la nécessité d’une stratégie de communication a encore beaucoup de mal à être perçue.
Les éleveurs bretons sont parmi ceux qui doivent regretter de ne pas avoir su mettre en place une stratégie verte, y compris dans la communication.
Beaucoup de problèmes, allant jusqu’à l’interdiction de fonctionner, pourraient être évités si, à travers une stratégie de communication, les PME-PMI apprenaient à écouter et ensuite à expliquer au public leur activité.
La dépendance amont
La sensibilité technique, surtout pour les groupes d’une certaine taille, commence bien avant la porte de l’usine, longtemps avant où l’entreprise est juridiquement responsable de son activité. Le transport de matières chimiques pour Atochem, l’acheminement , l’extraction de la bauxite pour les besoins en ninium de Péchiney seront d’abord considérés par l’opinion “ , en cas de crise majeure, comme la responsabilité de Péchiney
Répondre par des arguments juridiques, en cas d’accident, à une colère émotionnelle, c’est ne rien comprendre au métier de communication
Dans la mesure où cette dépendance amont est forte, la stratégie (H communication est obligée de prendre en charge cette donnée subjective, de peser sur les stratégies techniques, financières et juridiques pour qu’elle soit traduite en termes de responsabilité partagée avec les fournisseurs et sous-traitants.
Les cahiers de charges techniques, dans bien des cas, ont déjà évolué dans ce sens, mais rares sont les entreprises qui en ont tiré les conclusions au niveau de la communication, à l’exception peut-être des constructeurs automobiles.
La dépendance aval
L’usage que font les clients de vos produits ou de vos services appartient à la même sensibilité technique que le critère précédent.
Ce qui est entré dans les mœurs pour l’agroalimentaire {Attention, l’abus d’alcool nuit à la santé), pour les jouets d’enfants (absence de danger physique), pour le pharmaceutique {Ceci est un médicament) se développe à grande vitesse à l’ensemble des produits et des services.
Le constructeur automobile est tenu pour responsable des épaves de voitures qu’il a construites, le Club-Med de la surcharge des infrastructures de ses sites d’implantation, l’industrie pharmaceutique de toute utilisation dévoyée et abusive de ses produits, etc.
La stratégie de communication, comme partie intégrante de la stratégie de l’entreprise, est obligée de prendre en charge cet élargissement de la sensibilité technique.
Si la dépendance aval est grande, l’effort de communication devra en tirer les conséquences et s’orienter dans ce sens.
Le score de la sensibilité technique de l’activité, comparé à celui des autres scores des sensibilités, indiquera au responsable de communication et de marketing si ses priorités de communication se trouvent a ce niveau.
En tout état de cause, à l’intérieur des échelles de sensibilité technique, il ou elle trouvera la partie du contenu de sa stratégie de corn dont les priorités dépendront évidemment des résultats STaSUhellesd’ivaluation.
T’insiste sur le caractère inévitable de la sensibilité technique. le choix est binaire (faire ou ne pas faire) sans aucune alterna On ne peut pas ne pas produire des aciers, du papier ou de l’éner recyclage des aciers et celui des papiers sont des sources de matières premières intéressantes mais qui, dans le bilan de l’écosystè- me valent surtout pour l’élimination des déchets, ne pouvant jamais remplacer la recherche de matière première d’origine.
Les trois seules sources inépuisables d’énergie, dans 1 état actuel de nos connaissances, sont le nucléaire, à condition bien sûr de retraiter le combustible, le soleil et l’hydraulique.
De fait, la seule source inépuisable d’énergie en France, dans l’état actuel de nos investissements, est le nucléaire.
Il me paraît complètement inutile de relancer la discussion sur le bien-fondé de l’option nucléaire. Non seulement les centrales sont là, mais si demain la vente d’électricité devient libre à travers l’Europe, les premiers grands clients de l’électricité nucléaire seront ceux qui refusent les centrales sur leur territoire, notamment les Italiens et les Allemands.
Les problèmes sont à nouveau :
– comment gérer de façon responsable ?
– comment communiquer ?
La sensibilité technique est néanmoins telle, qu’une pédagogie de communication est indispensable pour nos entreprises, pour qu’il y ait enfin un dialogue sur ces quelques évidences.
Vidéo : Sensibilité technique
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